Un acte vétérinaire en pension 

En bref :

Si un pensionnaire doit être vu par un vétérinaire, nous tâchons qu’il le soit par le vétérinaire désigné par le client mais si la chose semble urgente et que ce vété nous dit qu’il n’est pas en mesure d’intervenir nous agissons avec le vété de garde dans notre région.


En moins bref :

Ce qui suit est destiné à celles et ceux qui aiment s’informer au maximum et, surtout qui aiment lire. Si vous n’aimez pas trop lire, passez à l’onglet suivant intitulé «  Me faut-il une assurance ? »


1ère partie - Mon chien doit être vu RAPIDEMENT par un vétérinaire


En tant et tant d’années de service non-stop (nous n’avons jamais fermé un seul jour sur plus de onze mille jours de garde d’êtres vivants et sensibles (le chien est un être émotif) il y en a tout de même quelques-uns, par exemple :

  • un très-très-très vieux chien qui n’arrive plus à se lever seul le matin (donc hop : piqûre magique par son vété associée parfois à un traitement),
  • une plaie d’auto-léchage un peu sévère,
  • l’ingestion d’une partie de son propre jouet ou d’une partie de son propre plaid (faits ordinairement nocturnes),
  • une grosse tumeur ventrale connue du maître et du vété de famille, déjà visible depuis longtemps, mais voilà qu’elle se fissure justement durant le séjour en pension,
  • des boiteries dues à des démarrages et des demi-tours sur place dignes de voitures de rallye,
  • une oreille basse annoncée comme « normale » mais qui sent le pus au point que nous en faisons une collecte sur bâtonnet de contrôle (donc le chien traînait en fait, depuis assez longtemps une forte otite),
  • une chienne qui monte en température (presque 41 ° au lieu de +/- 38° à +/--39 °) chez qui nous soupçonnons – à raison - une métrite et là il a fallu une intervention chir … et le reste de son séjour sous surveillance dans notre salon.
  • Deux cas (en plus de trente ans) de rétroversion d’estomac heureusement repérées à temps (dont une fois à … 22 heures lors de notre dernier contrôle de soirée) avec le bol que les deux chiens y survivent mais l’intervention est onéreuse). Le résultat est très bon lorsque l’on le voit à temps mais nous ne cacherons pas qu’il y a une bonne part de chance de s’en apercevoir avant que ce soit trop tard (état de choc, rate endommagée ou carrément rompue : décès fréquent). De nos jours, les chances se survie ont nettement augmenté et il n’y a presque plus de récidive car aujourd’hui les vétés attachent l’estomac aux parois abdominales.
  • Un matin, un chien nous arrive avec ce qui nous est présenté comme un gros abcès dentaire, il est accompagné de médicaments. Au fil des jours, l’abcès, qui semble de plus en plus venir de bas dans la bouche, grossit d’une façon incroyable et, finalement, il nous semble voir apparaître quelque chose qui émerge au centre de la joue, côté pelage. Le chien se laisse faire très gentiment et nous finissons par extraire, entier, un épillet de 3,4 cm de long sur 1,5 cm à son point le plus large. Son extraction crée donc une plaie spectaculaire, purulente jusqu’au déversement, qui nous surprend par sa rapidité de fermeture : sept petits jours (de nettoyage de plaie biquotidien, forcément) et le sujet placé sous antibis appropriés, évidemment à la dose « grand garçon », durant dix jours. Les épillets (on est dans le monde végétal) peuvent être portés par le vent sur trois kilomètres, souvent bien trop petits pour être vus par l’humain et, accrochés au pelage ils font leur chemin à l’intérieur de l’animal atteint. On estime que certains sont repérés après plus d’une année au cours de laquelle ils se déplacent parfois beaucoup à l’intérieur du corps (jusqu’à cinquante centimètres sur les races géantes, parait-il) et atteignent une taille considérable.
  • Un magnifique Berger Suisse est en parfaite santé, vif, joueur, et reste au moins dix jours. Trois heures avant son départ on le lave parce qu’il est beaucoup moins blanc à force de sortir et en le lavant nous percevons un élément solide –que nous mettons deux ou trois minutes à identifier - sortant d’un ou deux millimètres sous l’aisselle droite, pile au centre d’un très vieux kyste fort dur et encroûté, signalé de suite à l’entrée par le client lors de l’interview- contrat. En fait il d’agissait d’un clou inox dit « sans tête » de trois millimètres de diamètre sur 28 mm de long qui avait fini par s’enkyster avec les années. Il commençait à être rejeté par le corps de l’animal et ne gênait en rien le toutou malgré sa longueur étonnante. Depuis quand se trouvait-il là ? Combien d’années ? Toujours est-il qu’il fut ultérieurement enlevé, en même temps que le kyste, par son vété.


Nous occuper d’une pension canine ou d’un refuge est ce que nous voulions vraiment et nous avons pris tous les risques pour cela ; nous avons découvert que c’est un métier avec une grande majorité de moments très chouettes mais, comme vous venez d’en lire quelques exemples, qui livre aussi sa part de préoccupations quand il s’y met.

Quand nous avons ouvert notre pension, un pionnier du métier qui avait une bonne quarantaine d’années de pratique nous avait dit : « En pension pour chien, l’expérience c’est le total des emmerdements que vous avez eu ».

Nous repensons souvent à lui, à ses conseils et à cette analyse car il avait raison.

Mais alors, qui paie les frais médicaux ?

Pour venir chez nous vous ne devez pas fournir de preuve d’une assurance familiale ni d’assurance santé pour votre chien. Saviez-vous, d’ailleurs, que certaines compagnies proposent une assurance santé « frais-vétérinaires » pour vos animaux ? Nous connaissons ces pratiques qui n’ont rien de nouveau : dès le milieu des années 1980 nous avons connu des compagnies qui proposaient cela et … nous avons honte d’avoir vendu quelques une de ces assurances, une pratique que nous avons stoppée net dès l’apparition des premières déceptions.

Le Canis Club a des raisons objectives de vous décourager d’y souscrire. Bien évidemment, on trouvera toujours quelqu’un à qui cela a été profitable mais c’est vraiment très rare : récemment encore nous avons disposé d’une étude sérieuse, basée sur de vrais chiffres et des approches statistiques crédibles. Le résultat était sans appel : si l’on relève la moyenne des coûts d’intervention, toutes les exclusions et, souvent, le paquet de franchises à débourser, votre meilleure assurance c’est de grassement nourrir une tirelire bien cachée.


2ème partie - Mon chien doit être vu RAPIDEMENT par un vétérinaire


Dans tous les cas, vous êtes informé de la nécessité que votre chien soit vu par votre vétérinaire.

Première possibilité : si c’est pour une broutille que nous avons parfaitement identifiée vous êtes informé de suite et nous laissons notre GSM en fonction parce que là nous sommes dans le cool. Nous vous informons clairement et complètement du développement en sortant de chez le vété.

Deuxième possibilité : si l’affaire nous paraît grave mais que nous ne sommes pas certain de ce qu’il se passe ou du degré de gravité (début de rétroversion d’estomac , hyperthermie, trop longue crise épileptiforme, anomalie inquiétante du rythme et/ou de la fréquence cardiaque par rapport à l’âge et la race de votre chien etc…) nous appelons votre vété pour voir s’il peut nous recevoir, puis nous vous appelons en vous exposant notre constat primaire, sans aucun pronostic puisque c’est le métier du vété.

Nous vous informons que nous éteignons le téléphone et que vous serez rappelé dès que le diagnostic aura été posé avec certitude.

Dès que c’est le cas, nous rallumons le téléphone, nous vous appelons et passons le GSM à votre vété.

Si nous portons une responsabilité quelconque (imaginons une imprévoyance, une négligence, une déficience matérielle et le toutou se fait mal : bref, n’importe quelle situation fautive), c’est nous qui payons tout et nous ajoutons évidemment un geste commercial significatif.

Si nous ne portons décidément aucune forme de responsabilité l’addition est pour vous mais vous ne payez pas le déplacement (si nous avons dû nous déplacer) ni le temps passé sur place car nous trouvons normal que cela fasse partie du service.


3ème partie - les sujets à risque


ATTENTION : en ce qui concerne les vieux chiens, les chiens sous traitement pour troubles cardiaques et/ou respiratoires et les chiens d’obésité morbide et qu’une anesthésie générale sera de toute évidence à effectuer (par exemple en raison de l’ingestion d’un objet donné par le propriétaire mais qui s’est bloqué quelque part), nous n’allons que là où une anesthésie gazeuse peut être faite car il s’agit de sujets à risque élevé.

Et ceci sans égard pour notre règle numéro un : l’intervention de votre propre vétérinaire (sauf évidemment s’il a lui-même de quoi pratiquer une anesthésie gazeuse).

Ce n’est pas pour rien que l’anesthésie –acte dangereux s’il en est- est une spécialité en médecine humaine mais il faut savoir que l’achat d’une « gazeuse » représente un coût énorme (de 4.500 à 5500 euros selon les options… machine vide de gaz qui reste à acheter aussi).

« Gazeuse » est le surnom du dispositif complexe qui diffuse le gaz Isoflurane nettement moins délicat à utiliser que l’ancien gaz -le Halothane- qui n’était pas sans danger pour le foie et les reins.

Pour avoir pratiqué la photographie de gestes opératoires de toutes natures (mais uniquement vétérinaires), l’un de nous, qui fut quelques temps ambulancier et fut breveté Trauma Leader Otan, a pu voir cette évolution magique de la pré-chirurgie vétérinaire quand les avancées techniques de la médecine humaine se sont dirigées vers la médecine vété. L’arrivée des gazeuses en médecine vété a beaucoup aidé les animaux fragiles. Comme vous vous en doutez maintenant, nous ne reculons donc pas face à une épine dans un orteil.

Dans « Anecdotes » que vous pouvez parcourir plus tard, nous vous racontons l’histoire de Pongo. Vous verrez mieux pourquoi nous connaissons ce genre de situation.

Nous ne conclurons pas sans vous préciser que les anesthésies générales ordinaires, par une injection comme on le faisait toujours avant l’arrivée du gaz, sont très très bien maîtrisées et conviennent à tous les chiens, de toutes tailles, dès lors qu’ils ne sont pas vraiment à risque. La médecine vétérinaire a énormément évolué dans ce domaine au cours des trente dernières années.

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